Le saxophoniste et compositeur Alain Rellay nous a quittés le 9 février dernier. Pendant plus de trente ans, il a été un acteur essentiel du jazz à Cluny, puis en clunisois, présent sur tous les fronts : musicaux, pédagogiques comme administratifs.
Quant à moi, je perds mon plus vieux copain de musique. Notre première rencontre remonte aux alentours de 1966, à Lille, où ce parisien fraichement émoulu de Science Po débarquait pour entamer une carrière professionnelle de cadre dans l’industrie textile dont l’économie était encore florissante, à cette époque, du côté de Roubaix. Mais pour nous musiciens amateurs du cru, il jouait du sax ténor (très joli son, qu’il a toujours gardé).
Quels que soient les aléas géographiques de ses différentes affectations (Copenhague , Roubaix encore, Rennes, Dijon…) Alain et son saxo ont toujours su trouver le chemin vers d’autres musiciens afin de partager la passion du jazz qui (tout nécessaire travail alimentaire mis à part), était la colonne vertébrale du plaisir de vivre d’un garçon en effet bon vivant, au caractère aimablement sociable.
Sa trajectoire professionnelle officielle l’amena finalement pour le meilleur à Lyon, où il intégra une des plus belles aventures collectives de la musique hexagonale, l’ARFI (Association pour la Recherche d’un Folklore Imaginaire). Dans ce cadre bien structuré, il a pu autant participer à des grandes formations maison (la « Marmite Infernale ») que mener à bien des projets personnels, comme son duo avec le pianiste Patrick Vollat, bénéficiant de la bonne organisation de l’ARFI pour la diffusion de concerts et l’édition de disques. Il fait partie ainsi de ces quelques personnages qui, s’ils n’ont jamais été administrativement considérés comme professionnels, ont participé à la vie musicale pendant toutes ses années actives.
En 1978, j’ai fait appel à lui pour m’aider à encadrer un stage dans la deuxième année de ce qui deviendra « Jazz à Cluny (puis en clunisois) ». C’est le début d’une très longue implication dans cet événement en développement : direction d’un stage/atelier donc pendant les premières années, puis proposition d’une nouvelle activité de fanfare qui remportera un très long et beau succès. Car, pendant ce temps, Alain a développé une écriture spécifique – très originale et à vrai dire assez éloignée de la lettre du jazz, ludique, légèrement décalée – pour un ensemble de rue appelé à un succès certain: « La Bête a bon dos ».
Mais aussi, sur un autre plan, de 1995 à 2007 il a participé activement au « Comité technique Jazz » institué par la Mairie de Cluny pour accompagner notre festival – comme il a été partie prenante lors de sa refondation en 2008, quand ce fut nécessaire.
Entretemps (début des années 80), Alain et son épouse Annie ont quitté la banlieue lyonnaise pour investir une belle maison à Buffières (dans le clunisois, bien sûr). Depuis un certain temps Alain souhaitait s’installer en Saône et Loire. Peut-être que l’activité jazzistique clunisoise n’y a pas été étrangère.
Dans les projets conduits par Alain, ces dernières années, on peut noter deux réalisations assez rares de BD concerts : « La ville qui n’existait pas » (Christin – Bilal) et « Le long voyage de Lena » (Christin – Juillard), ainsi qu’un duo d’improvisation avec le batteur/percussionniste Guillaume Pierrat.
Le désir de musique ne l’a pas quitté, jusqu’au bout.
Pas mal pour un « amateur », selon l’administration, non ?
Continue de souffler, Alain.
Didier Levallet.
© Credit photos G.Joblot
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